Le NOM : un triple déni de justice pour un rite illégitime

Publié le par Austremoine


Monsieur l’abbé de Tanouarn tient le NOM pour valide, légal et légitime.

Il est incompréhensible de la part d’un prêtre de refuser de célébrer ou de concélébrer dans le nouveau missel s’il lui accorde ces trois qualités, ce qui est le cas de l’abbé de Tanouarn : il s’agirait de sa part d’un refus obstiné et téméraire d’une réforme qu’il considère comme légale et légitime. Car certes il peut objecter qu’il refuse l’obligation d’abandonner le missel tridentin, ce qui est effectivement son droit, mais il ne peut pas refuser de célébrer selon un rite valide, légal et légitime promulgué par l’autorité compétente sans commettre un acte de désobéissance grave aux conséquences funestes !

C’est ici la première incohérence de monsieur l’abbé de Tanouarn. Mais ce n’est pas la plus grave. Car cette première dénonce seulement un manque d’obéissance et de soumission aux directives du Saint Siège. Non, c’est la deuxième incohérence qui est la plus lourde de conséquences, celle de considérer le Novus Ordo Missae comme légitime, car c’est refuser de voir une des causes premières de la crise de l’Eglise et donc priver le Corps mystique du Christ du remède nécessaire pour retrouver sa vitalité.


Pourquoi refusons-nous le NOM ?

Est-ce pour sa validité ? La réponse est non, car on ne peut mettre en cause la validité du nouveau rite lorsqu’il est célébré de la façon dont il est prévu et lorsque le prêtre a l’intention nécessaire.

Est-ce pour sa légalité ? La réponse est non, car il est difficile de juger de la légalité de la nouvelle messe ou du moins de conclure à son illégalité de par le manque de documents et de l’opacité ayant entouré cette réforme. Monsieur l’abbé Aulagnier dans différentes analyses la remet sérieusement en cause mais cette question ne semble pas tranchée.

Est-ce pour sa légitimité ? La réponse est oui. Oui, nous réfutons de façon absolue et sans aucune ambigüité la légitimité du NOM.


Pourquoi ?

D'abord, qu'est-ce que la légitimité ? Il semble que cette notion ne soit pas claire dans l’esprit de beaucoup.

Monsieur l’abbé de Tanoüarn n’en donne aucune définition mais donne sa conception de la légitimité par l’exemple suivant :

« Aucun Etat n'a le droit de s'attaquer à la vie humaine depuis la conception jusqu'à la mort naturelle. Il peut mettre en place un dispositif législatif qui permette cette pratique, mais il ne peut pas la déclarer bonne ou indifférente. Ce n'est pas à lui d'édicter la loi morale. Cette loi libéralisant l'avortement n'est donc pas légitime, parce qu'elle prétend dirimer un problème d'ordre moral qui, par définition, échappe au législateur politique. »


Si nous saisissons bien la pensée de notre contradicteur, il définit une loi illégitime lorsqu’elle celle-ci échappe aux prérogatives du législateur.

Donc si nous appliquons le raisonnement à la nouvelle messe qu’implique cette définition, le NOM est légitime, car la possibilité d’une telle réforme rentre dans les prérogatives pontificales. Cette conclusion est fausse car la définition qui sert de socle à ce raisonnement est erronée.

Qu'est-ce que la légitimité ?

« La légitimité est la qualité de ce qui est fondé en droit, fondé en justice, en équité. » (définition du Larousse)

 

La légitimité réclame donc la légalité. Mais elle réclame aussi la justice. On inclue donc ici une condition morale se rapportant à la vertu de justice. C'est cette notion qui définit principalement le concept de légalité et de légitimité.

On voit bien que la notion de légitimité ne fait pas appel à une prérogative du législateur mais à une notion supérieure qui est celle de la justice, notion morale sur laquelle aucune autorité terrestre ne peut toucher.

Qu’est-ce que la justice ? D'un point de vue moral, la justice est le fait de donner à chacun ce qui lui revient. Nous y reviendrons plus tard.

Or qu'elle est l'intention et le but du législateur, à priori de Paul VI, lorsqu'il promulgue le NOM ? Voici un élément de réponse donné par Paul VI lui-même lors du consistoire secret du 24 mai 1976 :

« L'adoption du nouvel Ordo Missae n'est pas du tout laissée au libre arbitre des prêtres ou des fidèles. L'instruction du 14 juin 1971 a prévu la célébration de la messe selon l'ancien rite, avec l'autorisation de l'Ordinaire, uniquement pour des prêtres âgés ou malades, qui offrent le sacrifice divin sine populo. Le nouvel Ordo a été promulgué pour être substitué à l'ancien, après une mûre réflexion, et à la suite des instances du Concile Vatican II. Ce n'est pas autrement que notre saint prédécesseur Pie V avait rendu obligatoire le missel réformé sous son autorité, à la suite du Concile de Trente. »


On voit bien ici que Paul VI fait appel à la prérogative qui dépend de son état de pape de pouvoir réformer la liturgie pour justifier la réforme qu’il promulgue. Le problème est que Paul VI ne se contente pas de réformer la messe, il entend imposer le NOM en interdisant la messe tridentine. Et pour justifier son action, Paul VI fait appel à un texte de loi de l'Eglise qui dit et affirme justement l'exacte contraire de son intention : c'est le fameux motu proprio Quo primum tempore.

Voici ce qu'il dit :

« Nous avons décidé et déclarons que les […] prêtres de quelque nom qu’ils seront désignés, ou les religieux de n’importe quel ordre, ne peuvent être tenus de célébrer la messe autrement que nous l’avons fixée, et que jamais et en aucun temps qui que ce soit ne pourra les contraindre et les forcer à laisser ce missel ou à abroger la présente instruction ou la modifier, mais qu’elle demeurera toujours en vigueur et valide, dans toute sa force, […].
[...] Si cependant quelqu’un se permettait une telle altération, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation de Dieu tout-puissant et de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul.
»


C’est fort de cette loi que nous réfutons la légitimité du nouveau missel de Paul VI car celui-ci lèse la justice nécessaire à toute légitimité en trois endroits :


1 - Cette réforme et l'intention du législateur Paul VI vont clairement contre la justice et le droit en refusant un droit à perpétuité accordé par saint Pie V. Oui, la réforme engagée entre dans les prérogatives papales, mais son imposition va contre la justice car il nie le droit accordé à chaque prêtre de célébrer à perpétuité selon le rite tridentin.


2 – Lors du baptême, le prêtre demande à l’enfant : « Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? », ce à quoi les parrains et marraines répondent : « La Foi ». Il est donc justice pour le baptisé de recevoir la Foi de la Sainte Mère l’Eglise. Or les cardinaux Bacci et Ottaviani disent dans leur « bref examen critique du Novus Ordo Missae » en parlant du nouveau rite :

« L'unité de l'Eglise n'en est plus à être seulement menacée : déjà elle est tragiquement compromise. Les erreurs contre la foi ne sont plus seulement insinuées : elles sont imposées par les aberrations et les abus qui s'introduisent dans la liturgie.
L'abandon d'une tradition liturgique qui fut pendant quatre siècles le signe et le gage de l'unité de culte, son remplacement par une autre liturgie qui ne pourra être qu'une cause de division par les licences innombrables qu'elle autorise implicitement, par les insinuations qu'elle favorise et par ses atteintes manifestes à la pureté de la foi : voilà qui apparaît, pour parler en termes modérés, comme une incalculable erreur.
»

Le NOM est donc une grave injustice envers l’ensemble des baptisés auquel l’Eglise se doit d’apporter la foi de la façon la plus pure possible. Cette injustice nous semble plus grave car elle atteint l’Eglise dans la globalité de ses membres et non plus seulement les prêtres.

3 – La messe est le renouvellement du Sacrifice du calvaire : c’est le fils Dieu qui s’immole sur l’autel. La messe se doit donc d’exprimer au mieux dans sa liturgie le caractère propitiatoire car c’est sa finalité, et c’est encore une question de justice vis-à-vis d’un Rédempteur qui a laissé dans les mains des prêtres le pouvoir de consacrer pour continuer le calvaire. Les cardinaux Bacci et Ottaviani disent encore :

« Mais le nouvel Ordo Missæ dénature l'offrande en la dégradant. Il la fait consister en une sorte d'échange entre Dieu et l'homme : l'homme apporte le pain et Dieu le change en pain de vie ; l'homme apporte le vin, et Dieu en fait une boisson spirituelle : " Tu es béni, Seigneur Dieu de l'univers, parce que de ta libéralité nous avons reçu le pain (ou : le vin) que nous t'offrons, fruit de la terre (ou : de la vigne) et du travail de l'homme, d'où provient pour nous le pain de vie (ou : la boisson spirituelle) " ».

 
Le NOM s’attaque très clairement dans la forme (un repas) comme dans le fond (un échange) à l’aspect sacrificiel de la Sainte Messe : Paul VI a donc souhaité imposer une liturgie pour le moins bien moins parfaite que la liturgie tridentine. N’est-il pas un devoir de justice d’honorer le Seigneur de la façon la plus parfaite possible, surtout lorsqu’il s’agit du sacrifice de la Rédemption, sacrifice qui est l’aboutissement de tant de largesses divines et duquel partent toutes les grâces ? Le NOM est un déni de justice vis-à-vis du Dieu tout puissant, et c'est le manque de justice le plus grave.



Le NOM va clairement et de façon la plus manifeste et à trois endroits contre la justice.

Nous devons donc conclure de façon certaine à l’illégitimité totale et sans ambiguïté du nouveau rite.

 

Austremoine

 

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A
1. « L'adoption du nouvel Ordo Missae n'est pas du tout laissée au libre arbitre des prêtres ou des fidèles » -> Austremoine<br /> Cet argument ne tient plus, car le Motu Proprio "Summorum Pontificum" donne la liberté à tout prêtre de célébrer le missel du Bx. Jean XXIII.<br /> <br /> 2. Le deuxième argument ne tient pas débout… Toutes personnes sensées est d’accord pour dire que l’application de la réforme liturgique a été catastrophique, seulement entre la constitution « Sacrosanctum Concilium » (1963) et son application (1970), il y a eu « mai 68 ». Le poison de ce mois de mai a fait des ravages dans la Sainte Eglise, et Satan a empêché une saine réception de la réforme liturgique, or nous payons encore aujourd’hui cette mauvaise réception.<br /> Les deux formes de l’unique rite romain (ordinaire et extraordinaire) sont valides et légitimes. Je vous conseils de lire le Motu Proprio "Summorum Pontificum" de sa SS. Benoît XVI.<br /> <br /> 3. Le troisième point est une attaque grossière et non fondée… <br /> N° 1362 (CEC) : « L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ, l’actualisation et l’offrande sacramentelle de son unique sacrifice, dans la liturgie de l’Église qui est son Corps. Dans toutes les prières eucharistiques nous trouvons, après les paroles de l’institution, une prière appelée anamnèse ou mémorial. »<br /> N°1365 (CEC) : Parce qu’elle est mémorial de la Pâque du Christ, l’Eucharistie est aussi un sacrifice. Le caractère sacrificiel de l’Eucharistie est manifesté dans les paroles mêmes de l’institution : " Ceci est mon Corps qui va être donné pour vous " et " Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous " (Lc 22, 19-20). Dans l’Eucharistie le Christ donne ce corps même qu’il a livré pour nous sur la croix, le sang même qu’il a " répandu pour une multitude en rémission des péchés " (Mt 26, 28).<br /> N°1366 (CEC) : L’Eucharistie est donc un sacrifice parce qu’elle représente (rend présent) le sacrifice de la croix, parce qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en applique le fruit :(…)<br /> <br /> Je vous invite fortement à lire le Catéchisme de l'Eglise Catholique ( http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P3W.HTM ), une valeur sûre pour savoir ce que dit l’Eglise bâtie sur le successeur de Saint Pierre … Les articles sur le caractère sacrificielle de sa Sainte Messe (forme ordinaire et extraordinaire) sont nombreux et très instructifs.<br /> <br /> En conclusion, vous avez une entière légitimité à préférer participer à la messe selon sa forme extraordinaire, même exclusivement si cela est votre préférence (en tant que laïc), mais vous ne pouvez mettre en accusation la forme ordinaire sur des arguments non fondés.<br /> <br /> Votre serviteur,<br /> Arzur
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